Définir les champs des possibles

Le champ des possibles, « c’était comme le centre d’une sphère dont irradiaient des avenues, dans toutes les directions. Encore que cette image fût loin de l’exacte sensation. [...] Il sentait la chaleur et le froid de probabilités innombrables. [...] Le tout était le spectre des possibilités du plus lointain passé au plus lointain avenir, du plus probable au plus improbable. [...] Il voyait de nouveaux mondes, de nouvelles civilisations. Des êtres » [Herbert, 1965].

De fait, dans le Cycle de Dune de Frank Herbert, être prescient, c’est accéder à une fraction au moins des champs des possibles impliquant des êtres humains, parmi lesquels soi-même ; c’est voir des voies allant du présent vers de multiples futurs, mais également voir des possibilités passées, et ce en de multiples lieux. À ce titre, le Kwisatz Haderach est celui qui voit davantage, « celui qui peut être en plusieurs endroits » ou celui pour lequel les chemins se contractent. Pour leur part, les navigateurs et timoniers de la Guilde Spatiale, dont la prescience est plus limitée, voient suffisamment de possibles pour diriger sans encombre des longs-courriers dans l’espace, à des vitesses transluminiques.

Plus précisément, compte tenu de la définition d’un possible, de la définition d’une transition et de la distinction faite entre niveaux de perception, le champ des possibles d’un être vivant désigne toutes les transitions ou tous les changements d’état possibles de l’être vivant, que les transitions en question soient actives et/ou passives et qu’elles affectent sa réalité interne (être vivant) ou externe (milieu de vie), ses observations, ses interprétations ou ses possibles à l’état d’idées.

Explorer une voie équivaut alors à vivre un enchaînement d’actions (transitions actives) et de passions (transitions passives) présentant une certaine cohérence, ne serait-ce que parce qu’elles se suivent dans le temps et dans l’espace, chaque nouvelle transition partant d’une situation ou d’un état résultant des transitions précédentes. Explorer une voie, comme en escalade ou en alpinisme, c’est enchaîner des pas ou des mouvements dont chacun tient compte des précédents, quand bien même l’avancement dans la voie n’est ni régulier (progresser plus ou moins vite), ni réel (revenir sur ses pas, se tromper d’itinéraire, changer de voie...), ni toujours voulu (glisser et chuter de quelques mètres, ne plus pouvoir avancer et désescalader, être emporté par un éboulis...).

Toujours de façon imagée, le champ des possibles d’un être vivant est un buisson de possibilités dont chaque branche est une voie possible, à un instant t et dans un lieu donné, et dont les branches sont bien souvent entremêlées au sens où elles se rejoignent ou divergent. Or un buisson est spécifique à un être vivant : le champ des possibles d’une archée est distinct et n’est pas aussi étendu que le champ des possibles d’un être humain ; le champ des possibles d’un être humain dépend, à un instant donné, de son état de santé, de ses ressources financières, de ses ressources intellectuelles et notamment de ses connaissances... ; le champ des possibles du dernier ancêtre commun universel de tous les êtres vivants terrestres, c’est-à-dire le champ des possibles de LUCA (‘Last Universal Common Ancestor’), est celui d’un organisme unicellulaire déjà complexe mais le champ des possibles de ses descendants regroupe les champs des possibles de tous les êtres vivants issus de la Terre d’origine.

D’ailleurs, pour résoudre d’inévitables conflits entre les champs des possibles de divers êtres vivants, il importera de distinguer : le champ des possibles d’un être vivant quelconque, personne morale comprise ; le champ des possibles résiduel d’un être vivant désormais mort ; les champs des possibles hypothétiques d’êtres vivants à naître ; le champ des possibles de tous les descendants d’un ou de plusieurs êtres vivants ; le champ des possibles d’une espèce, qui réunit les champs des possibles de tous ses représentants ; le champ des possibles cumulé de tous les êtres vivants.

Référence
PL 111
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Rédaction d’une première définition du champ des possibles ; ajout de la citation issue du premier tome du Cycle de Dune à l’occasion d’une relecture de ce dernier

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Poursuite de la rédaction de la définition des champs des possibles (ajout d’un paragraphe sur la prescience, en particulier) ; préparation d’un résumé et mise en ligne de la définition ; création et configuration des versions longue et courte d’une vue réunissant les résumés des dernières pages publiées du Champ des possibles (‘block_possibles’) ; ajout des blocs créés en première position de la rubrique ‘Politique et droit’

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Relectures et légères améliorations, sur la base d’une impression papier, des définitions du possible, des transitions passives (passions), des niveaux de perception et des champs des possibles