Les cellules souches embryonnaires n’ont pas toutes le même potentiel thérapeutique

Du fait de l’inhomogénéité épigénétique de l’embryon, même précoce, les cellules souches qui en sont tirées ne disposent pas toutes du même potentiel de développement. Plus précisément, des chercheurs des laboratoires Max Perutz ont démontré que les boutons embryonnaires des blastocytes, c’est-à-dire des embryons de quelques jours, à 32 cellules, sont déjà inhomogènes, si bien que les cellules souches extraites de ces amas cellulaires, bien que génétiquement identiques, présentent des caractéristiques distinctes.

En particulier, elles expriment différemment la protéine LIFR (‘Leukemia Inhibitory Factor receptor’/’Récepteur du facteur inhibiteur de la leucémie’), une cytokine appartenant au groupe des interleukines IL6. Or le niveau d’expression de LIFR détermine la capacité des cellules souches à se transformer en cellules du muscle cardiaque.

La mise en évidence d’une relation entre les mécanismes de transmission de signaux induits par LIFR et le développement des cellules du cœur (cardiomyogénèse) constitue en elle-même un premier résultat, mais l’étude démontre surtout que le potentiel de développement des cellules souches est imprévisible : certaines lignées cellulaires généreront les cellules voulues, ici des cellules du muscle cardiaque, d’autres non. Par conséquent, seules certaines lignées pourront être utilisées dans les thérapies cellulaires envisagées, par exemple pour le traitement de l’infarctus du myocarde par injection de cellules capables de régénérer le cœur.

L’étude, menée par l’équipe de Georg Weitzer, au sein du Département de biochimie médicale de l’Université de médecine de Vienne, intervient alors que la Commission européenne envisage de favoriser la recherche sur les cellules souches embryonnaires et la production de tissus artificiels : une proposition de règlement sur la commercialisation de tissus produits en laboratoires a été publiée en mai 2005, au motif de lever les incertitudes juridiques affectant les entreprises du secteur. Elle dote l’Union européenne de lignes directrices communes, suggère que les procédures d’autorisation de mise sur le marché soient centralisées et propose la mise en place d’incitations financières en faveur des PME souhaitant commercialiser de tels tissus.

Le 7ème programme-cadre européen va dans le même sens, en permettant a minima le financement national de la recherche sur les cellules souches embryonnaires, alors même que la directive 98/44/EC sur la brevetabilité des produits du vivant vient à peine d’être transcrite en droit interne autrichien.

Pour en savoir plus :

  • Zentrum fur Medizinische Biochemie, Medizinische Universitat Wien, Dr. Bohrgasse 9/III, AT-1030 Wien, tél. : +43 1 4277 616 01, fax : +43 1 4277 9616, https://medbiochemie.meduniwien.ac.at
  • Martin Lauss, Martina Stary, Julia Tischler, Gerda Egger, Sonja Puz, Alice Bader-Allmer, Christian Seiser, Georg Weitzer (2005). ‘Single inner cell masses yield embryonic stem cell lines differing in LIFR expression and their developmental potential’, Biochemical and Biophysical Research Communications, 331(4):1577-1586, doi:10.1016/j.bbrc.2005.04.068
  • ‘Human Tissue Engineering and Beyond: Proposal for a Community Regulatory Framework on Advanced Therapies’, European Commission, DG Entreprise & Industry, 04/05/2005
Référence
SC 197
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Rédaction et première publication dans le cadre du Bulletin Électronique du Service Scientifique de l’Ambassade de France à Vienne et plus précisément dans le cadre du BE Autriche numéro 65 du 15 juin 2005 (http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/28443.htm)

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