Datation des plus anciens restes humains d’Europe

Des chercheurs viennois sont parvenus à dater les fossiles de Mladeč, qui sont considérés comme étant les plus anciens restes complets d’Homo sapiens découverts en Europe. Leur verdict ? Un âge de 31 000 ans.

Mis à jour en Moravie, en 1881 et 1882, par des chercheurs de l’Académie autrichienne des sciences (Österreichische Akademie der Wissenschaften) et du Musée impérial d’histoire naturelle (Naturhistorisches Hofmuseum), les fossiles de Mladeč ont toujours intrigué la communauté scientifique car certains de leurs traits sont archaïques et d’autres modernes. Le profil sagittal des crânes Mladeč 5 et 6, avec leurs régions supraorbitales robustes, les occiputs proéminents de Mladeč 3, 5 et 6, les dimensions du palais et des dents de Mladeč 8, ainsi que les larges couronnes des canines de Mladeč 9a, 10 et 51, évoquent l’homme de Néandertal, tandis que les crânes Mladeč 1 et 2 évoquent l’homme moderne.

Connaître l’âge de ces fossiles revêtait une importance particulière, des fossiles datant de la période de cohabitation entre Homo sapiens et Homo neanderthalensis pouvant jeter une lumière nouvelle sur l’histoire du peuplement de l’Europe. De fait, deux théories s’affrontent : l’hypothèse ‘Out of Africa’ affirme que l’homme moderne est né en Afrique et s’est répandu à travers le monde dans les 100 000 dernières années, quand la théorie multirégionale suppose qu’Homo sapiens est né de l’ensemble des hominidés primitifs alors présents sur les différents continents. L’homme moderne, descendant des hominidés déjà sortis d’Afrique ou nouvel hominidé et colonisateur récent ? Telle est la question.

Si elle n’y répond pas, l’étude menée par Eva Wild et Maria Teschler-Nicola a confirmé le grand âge des fossiles, par une datation au carbone 14 de six fragments, lesquels sont issus de Mladeč 25c, 1, 2, 8 et 9a et ont pour la plupart été extraits de dents à l’email non abrasé ou de racines de dents recouvertes d’un os alvéolaire intact.

La qualité des échantillons ainsi extraits a d’ailleurs été vérifiée par une mesure du ratio C/N et par des analyses isotopiques des éléments carbone et azote. Par la suite, le collagène de la dentine et la gélatine des os ont été éliminés des échantillons, par dissolution de ceux-ci dans l’acide chlorhydrique, puis par purification par adjonction de soude. Enfin, la datation au carbone 14 a été effectuée par spectrométrie de masse, au sein de l’accélérateur VERA (Vienna Environmental Research Accelerator) de l’Institut de recherche sur les isotopes et de physique nucléaire de l’Université de Vienne (Institut für Isotopenforschung und Kernphysik).

Il a alors été démontré que tous les fragments ont le même âge, soit 31 000 ans, à l’exception du fragment de cubitus 25c, considéré comme partiellement contaminé. De ce fait, les différences de traits observées seraient plutôt la marque de la variabilité génétique de la population et/ou d’un dimorphisme sexuel prononcé.

Pour en savoir plus :

Référence
SC 230
Table des révisions :
Créé le (ou avant le)
Créé par

Rédaction et première publication dans le cadre du Bulletin Électronique du Service Scientifique de l’Ambassade de France à Vienne et plus précisément dans le cadre du BE Autriche numéro 64 du 2 juin 2005 (http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/28231.htm)

Publié le
Publié par
Temps passé pour la publication
1,75 heures

Republication après rétablissement de l’accentuation et du découpage en paragraphes, suppression des coordonnées périmées, insertion des liens, reformulations mineures, relectures et ajout de références bibliographiques ; au préalable, améliorations du formulaire de contact (suppression du bouton de prévisualisation, ajout de textes d’aide à la saisie et suppression de l’obligation de fournir un nom)