Teutoniques - L’attente du combat

Grincements des cuissards, jambières et espalières,
Cliquetis des mailles des hauberts et cervelières,
Froissements des brigandines et caparaçons,
Ébrouements des montures, reniflements, tels sont
Les échos de l’attente à l’orée des basses terres
De la Samogitie, toujours nappées d’hiver.

Pas de tergiversation, pas d’atermoiement,
Juste l’attente remuante du violent déchaînement
Que prépare la soldatesque des osts en présence.
Faire preuve de vaillance sans nuance ni bienveillance,
À jamais, sans relâche, se montrer imployables,
Ainsi s’énoncent leurs ordres âpres, impitoyables.

Aussi, en contrebas, sous un noroît glaçant,
Tous se cuirassent jusqu’à se faire menaçants,
Tous s’y apprêtent à répéter l’irrémédiable :
S’y dressent des guerriers aux visages impénétrables,
De fer plus que de chair, les lames noircies de sang,
Parés à faire d’autres êtres des cadavres cyanescents.

À couvert, à la lisière de futaies émaciées,
D’autres bruits, plus furtifs, bruits feutrés des chevanciers
Des terres d’après les batailles, semées de dépouilles.
Maîtres sans conteste des charniers, ils trouvent leurs victuailles
Parmi les macchabées laissés dans leurs sillages
Par des chevaliers sans mesure et sans adages.

Leurs ombres aussi avides qu’hâves et efflanquées
Flairent et s’abreuvent des effluves des silhouettes arquées.
Charognards que le sang sitôt versé attire,
Ventres qui festoient d’avance des dépouilles à venir,
Leur arrachant viscères, entrailles ou intestins,
Gobant glandes et vésicules comme avec dédain.