La proposition d’élargir ou du moins de préserver les champs des possibles s’applique à tous les êtres vivants, et pas seulement aux êtres humains, ce qui nous impose de définir ce qu’est le vivant, c’est-à-dire de préciser les caractéristiques du vivant.
Les êtres concernés sont tous les organismes vivants ou assimilés au vivant car possédant tout ou partie des caractéristiques du vivant, à savoir tout ou partie des capacités suivantes : s’autoréguler et s’auto-organiser dans l’espace et dans le temps ; percevoir son environnement ou son milieu de vie et y réagir ; y mobiliser des ressources (et donc exploiter ou réaliser des mouvements) ; croître en masse, en nombre ou en complexité par auto-accumulation ; se reproduire.
Aussi, les champs des possibles de bien des êtres sont à prendre en considération : hommes d’ici et d’ailleurs et de tous âges (personnes physiques) ; grands primates et autres primates ; bactéries, archées et eucaryotes de toute taille, lesquels incluent les animaux (métazoaires), les plantes (végétaux), et les levures, moisissures et autres champignons (mycètes) ; robots capables de se reproduire ; biocénoses (écosystèmes) ; biomes (macroécosystèmes ou écozones) ; biosphère de la Terre d’origine et biosphères d’autres planètes ; associations, coopératives et autres organisations humaines (personnes morales) ; peuples ou sociétés (sociétés animales y inclus) ; civilisations ; genre humain ; ...
Plus précisément, nous définissons comme vivant tout système capable d’interagir avec son environnement en vue d’y mobiliser les ressources nécessaires à son maintien, à son éventuelle croissance et à sa perpétuation.
En tant que système, c’est-à-dire en tant qu’« unité globale organisée d’interrelations entre éléments, actions ou individus » [Morin, 1977], l’être vivant est une unité qui présente des limites avec son environnement (membrane cellulaire séparant une cellule de son milieu, muqueuses d’un organisme pluricellulaire, frontières d’un État, limes de l’empire romain...) et qui dispose de constituants en interrelation (compartiments cellulaires, organites, molécules impliquées dans des voies biochimiques, organes, individus, etc.). Ainsi, l’être vivant dispose d’une organisation dans l’espace et dans le temps. Or l’organisation est précisément « l’agencement de relations entre composants ou individus qui produit une unité complexe ou système, dotée de qualités nouvelles, inconnues au niveau des composants ou individus ». À ce titre, l’organisation produit des émergences.
Délimité mais non isolé, le système vivant s’inscrit dans un milieu avec lequel il interagit, de telle sorte qu’il dispose d’une capacité à percevoir certains éléments de son milieu, ou du moins à réagir à des signaux ou à des stimulus en provenance de ce dernier. Or les interactions être vivant<>milieu nécessitent au moins des mouvements à petite échelle (mouvements browniens, mécanismes d’endocytose et d’exocytose, autres mécanismes de transport d’intrants et d’extrants...), voire des mouvements à plus grande échelle (pour s’approcher des ressources ou se disposer de façon à en tirer parti). De tels mouvements facilitent la mobilisation d’intrants mais également l’expulsion d’extrants, que ces derniers soient utiles ou inutiles à l’organisme. De ce fait, un système vivant peut rejeter des déchets.
Les interactions avec le milieu servent à en percevoir et en utiliser les ressources, éventuellement après les avoir transformées, en interne, en ressources plus adaptées. En tout état de cause, qu’ils soient utilisés bruts ou transformés, les intrants de l’organisme vivant le sont d’abord pour assurer son maintien en état de survie, par le renouvellement permanent de ses constituants (c’est-à-dire par des déconstructions et reconstructions incessantes) et/ou par l’apport de l’énergie nécessaire aux interrelations entre les constituants ou à la reconstitution des constituants. Les intrants peuvent aussi contribuer à la croissance ou au développement de l’organisme, par exemple par l’accroissement du nombre de ses constituants (extension d’un tissu préexistant lors de l’embryogenèse ou du développement...) ou par la complexification progressive (organogenèse, mues successives de la larve en nymphe puis en imago, activation de certaines voies biochimiques à l’atteinte de la puberté, acquisition de nouvelles fonctions...). Enfin, les ressources mobilisées peuvent servir à la reproduction, c’est-à-dire à la perpétuation de l’organisme sous la forme d’un autre organisme qui lui sera semblable (par exemple dans le cas de la reproduction asexuée, aussi qualifiée de multiplication végétative) ou apparenté (dans le cas de la reproduction sexuée et/ou du fait d’évolutions d’une génération à la suivante).
À noter : la définition donnée l’est à titre provisoire et il ne faudra pas hésiter à la généraliser ou à la reprendre de façon à y englober tant des formes de vie nouvellement découvertes que des cas-limites du vivant (molécules prébiotiques, virus, robots dotés des caractéristiques précitées, biosphères, personnes morales et notamment États et administrations publiques, projets d’entreprises ou d’organisations...).
Améliorations successives d’une définition provisoire du vivant s’appuyant sur la définition d’un système ; réécritures et réorganisation, notamment les 19/01/2019 (à Paris) et 30/07/2019 (à Tichey)
Publication de la définition du vivant à l’issue de relectures et de plusieurs corrections du style et de l’orthographe ; identification explicite des autres définitions que mobilise la définition du vivant (‘système’, ‘organisme’, ‘émergences’, ‘ressources’)
Réflexions sur l’homéostasie (principalement le 24/08/2019) puis sur l’entropie et le désordre (le 16/09/2019) ; relectures et légères améliorations de la définition du vivant (le 21/09/2019)